Numéro 9 est un magnifique dessin animé, un conte de fées moderne et futuriste, emprunt de beauté et de poésie. On y reconnaît la patte de Burton, qui sait faire réfléchir avec de belles images et une apparente simplicité.
Numéro 9 est une véritable nouvelle cinématographique. Le spectateur est précipité dans l’histoire, tout s’enchaîne parfaitement et très rapidement, et les surprises ne manquent pas. Pas un seul instant le spectateur ne s’ennuie et lorsque la fin arrive, il est presque déçu que le plaisir ait été si éphémère.
Numéro 9 est bien construit et l’idée de départ est intelligente et originale. L’émotion est toujours justement placée et justement dosée. Pas de mièvrerie insipide.
Si certains veulent reprocher à numéro 9 ce qu’ils appellent des clichés, c’est qu’ils n’ont pas soigneusement regardé le film. Numéro 9 use de certaines idées répandues en science-fiction, notamment la révolte des machines contre les humains, mais il va bien au-delà. Numéro 9 pose des questions et s’interroge. Son vrai sujet est la nature humaine, même s’il n’y a plus d’humains après la rébellion des machines.
Les machines sont ce qu’elles sont car elles ont été créées ainsi. Comment pourrait-on reprocher à un objet d’être ce qu’il est alors que son concepteur l’a conçu dans un but particulier? Les machines ont été créées pour faire la guerre. On ne leur a pas appris à ressentir, loin de là, on leur a juste montré ce qu’était la haine. Elles n’ont de représentation des humains que celle de la destruction. Qu’elles se rebellent et détruisent l’humanité n’est pas surprenant. Comment pourrait-on le leur reprocher? Comment pourrait-on reprocher à une machine son absence de sentiments?
Ce que le film tente de démontrer, c’est qu’un objet ne reste qu’un objet s’il n’a pas d’âme, aussi intelligent puisse-t-il être. Les humains sont ce qu’ils sont grâce à leur âme, leur capacité à éprouver et à ressentir. Sans cette capacité, ils deviennent eux-mêmes des réceptacles vides. La notion du bien et du mal n’est valable que lorsque l’on possède une âme. Ceci étant, comment une machine pourrait-elle être tenue pour responsable de ne pas distinguer le bien du mal? Surtout lorsqu’elle a été programmée pour éradiquer la vie et que sa seule notion de référence est la destruction? Comment aimer des êtres qui se détruisent entre eux alors qu’ils sont de la même espèce?
C’est en cela que numéro 9 va plus loin qu’une banale histoire de révolte de machines cherchant à détruire la vie. C’est une réflexion sur l’humanité et ce qui caractérise l’humain. Bien que programmable, un humain peut toujours se révolter, réfléchir par lui-même et agir pour le bien, suivant ses sentiments personnels. La machine est programmée et, même avec la meilleure intelligence du monde, si on ne lui apprend pas à ressentir elle ne ressentira pas. Et c’est pour cela que la machine cherche à détruire toute vie organique. Elle a été programmée à un moment pour ce faire et elle continuera sa mission jusqu’au bout.
Numéro 9 est une belle histoire, qui, au-delà de l’action, des rebondissements et de la beauté des images, sait faire réfléchir à ce qui fait de nous ce que nous sommes et, quelque part, à nous mettre en garde si nous oublions nos qualités.