La Mala Hora, humanité et adversité

Avec la même sensibilité et la même délicatesse que d’habitude, García Márquez nous décrit dans La Mala Hora la vie d’un village, quelque part en Colombie. Le village apparaît sous différents regards, avec toujours la même peur latente, celle de voir les policiers débarquer un matin pour vous emmener… Chaque personnage a une histoire, parfois secrète, généralement connue par toute la population. Voilà pourquoi lorsque apparaissent un matin des tracts de dénonciation, le village retient son souffle. Mais pourquoi ces êtres s’inquiéteraient-ils de faits qui sont déjà connus de tous? Peut-être parce qu’à les voir affichés, chacun se sent concerné ; et ceux qui ont de véritables secrets peuvent trembler.

Une belle fresque humaine, portée une fois de plus par l’écriture simple mais belle de Márquez, qui sait encore et toujours nous émouvoir et nous saisir avec ses esquisses de personnages. Toujours les mêmes questions sous-jacentes, la personnalité, la terreur qui a ravagé l’Amérique du Sud, les relations humaines et ce qui fait d’un être ce qu’il est… Courage, lâcheté, égoïsme, parfois aussi rédemption… Un roman, assez court, qui est à lire pour sa poésie et sa justesse.

L’appel des arènes, le Sénégal entre modernisme et tradition

L’appel des Arènes, de Aminata Sow Fall, est un court roman, d’une écriture simple, qui peut être lu autant par les enfants que par les adultes. A travers l’histoire d’un pré-adolescent qui rencontre des difficultés à se concentrer sur ses cours lorsque retentissent les tam-tam des arènes, l’on pénètre un Sénégal à la fois moderne et traditionnel, qui a parfois bien du mal à se situer entre les deux. Les personnages sont soit ancrés dans les traditions soit acculturés après un séjour en Europe. La question qui se pose est celle de la personnalité : peut-on choisir ce que l’on veut devenir? Ne se perd-on pas lorsque l’on renonce à ses racines? Peut-on réellement être heureux lorsque l’on renie ce que l’on est?
Le père de Nalla parviendra, en oubliant ses préconçus et en renouant avec ses racines, à retrouver un bonheur qu’il avait perdu. Lorsqu’il se retrouve dans les arènes pour assister à la lutte, il comprend qu’il était vain de vouloir laisser derrière lui ce qu’il est, et que la lutte n’est pas un signe de barbarisme mais plutôt un moment de rencontre et d’exaltation, auquel participent autant les blancs que les noirs. Il voit ainsi tomber les idées erronées qu’il s’était forgées et renoue avec une part de lui-même qui commençait à lui manquer.
Ce livre dépeint également la société sénégalaise telle qu’elle se rencontre aujourd’hui, avec son éventail de personnalités, de superstitions et de beautés.
Un livre intéressant pour une première approche littéraire d’un pays.