Hadopi, la suite

Comme tout le monde le sait maintenant, les premières lettres du système Hadopi seraient parties… Ce qui change avec cette dernière mouture, c’est que ce n’est pas le piratage qui est reproché à l’internaute mais l’absence de protection et de surveillance. Un déficit de protection et de surveillance ? En effet, si la ligne du particulier est utilisée pour télécharger de manière illégale, même s’il n’en est pas le responsable, il en sera tenu pour… Alors qu’aujourd’hui il est plus que reconnu qu’une sécurité Internet, même avec la meilleure volonté du monde, ne peut être infaillible. Dans ce cas, que faire ?
Hadopi propose une solution innovatrice et révolutionnaire : la personne recevant sa lettre de mise en garde et désirant protéger sa ligne, mais ne sachant comment procéder, aura une solution toute trouvée : installer un logiciel fourni (gracieusement ou non, cela n’est pas encore tranché)  par… Hadopi.
Ce fameux logiciel n’est autre qu’un cheval de Troie. Une fois installé dans l’ordinateur, il surveillera toutes les pages visitées sur Internet. Ce ne sera plus seulement le téléchargement illégal qui sera surveillé, mais bel et bien la vie entière de l’utilisateur.
Bien entendu Hadopi ne vise absolument pas à l’implantation de ce logiciel… malheureusement, ce sera le seul et véritable recours. De manière détournée, il sera conseillé de se le procurer pour se protéger définitivement.
Mieux qu’Edvige et tous les projets de collecte de données, ce logiciel réussira là où tout le reste a échoué. En effet, une personne qui ne s’y connaît pas du tout en informatique et qui n’a rien à cacher ne verra pas pourquoi elle ne devrait pas l’installer… Puisque ce sera le seul moyen de s’innocenter, pourquoi hésiterait-elle ? Et c’est la porte ouverte à Big Brother et compagnie, avec la bénédiction même de celui qui devrait s’en prémunir. Car, une fois le logiciel lancé, qui sait où finiront les données ? Même si les créateurs de ce merveilleux projet jurent leurs grands dieux que nulle dérive ne sera possible, on sait ce qu’il en est… L’Etat, et les personnes préposées à ce service, connaîtront bientôt tout de votre vie et de vos opinions… et même si vous n’avez rien à cacher, qui peut réellement savoir ce qui se passera avec ces données ? Lorsque vous serez mis dans des cases, parce qu’étant pour ou contre tel ou tel parti politique, lorsqu’une décision de l’Etat vous hérissera et vous fera récriminer, lorsqu’un dossier complet contiendra toutes vos colères et vos plaintes…
Accueillir ce logiciel dans son ordinateur, c’est accueillir un objet qui se changera en monstre. Quoi qu’en disent l’Etat et ses concepteurs, Hadopi vise à diriger votre vie, en passant par la dernière chose qui n’était pas encore véritablement accessible : votre ordinateur.
Car il ne faut pas oublier qu’un cheval de Troie peut aussi avoir accès à vos données personnelles. Qui n’entrepose pas de photographies, de correspondance, de réflexions et de morceaux de vie dans sa machine ?
A bon entendeur…

La Pinacothèque se penche sur les civilisations préhispaniques

Depuis le 10 septembre et jusqu’au 6 février 2011, il est possible de découvrir l’Or des Incas, Origines et mystères, à la Pinacothèque de Paris 28, place de la Madeleine.

L’exposition est une petite merveille, tant au niveau de l’organisation que du contenu. Les objets présentés viennent de différents musées péruviens, notamment les célèbres musée Larco et le musée national d’archéologie, d’anthropologie et d’histoire du Pérou situé à Lima (et où se trouvent les plus beaux témoignages des civilisations préhispaniques, telle la stèle Raimondi). La présentation est intelligemment faite et couvre quasiment toutes les cultures andines. Les panneaux sont à la fois concis et précis, apportant les informations essentielles sans redondances ni complications. Nulle théorie fumeuse n’est exposée, juste les faits. Scientifiquement parlant, c’est parfait.

Lorsque cela est possible, les œuvres sont présentées de manière ludique : en effet, dans certaines vitrines, on peut voir un objet métallique avec des décorations et derrière lui une matrice. Plutôt que de longs discours, la Pinacothèque a choisi de montrer et de donner à visualiser. Le visiteur s’arrêtera cinq minutes et imaginera parfaitement l’artisan travailler son métal, ce qui est une manière à la fois amusante et didactique de découvrir et d’apprendre les techniques. Ainsi, la Pinacothèque ne s’intéresse pas seulement à l’esthétisme mais aussi aux procédés de création, tentant de couvrir de la sorte tous les pans de l’anthropologie. Car savoir comment est réalisé un objet est aussi essentiel que de savoir dans quel but il a été façonné.

Toute l’exposition a été conçue sur le même modèle : les civilisations sont soigneusement présentées, se suivent, s’entremêlent; les objets sont beaux, de l’argile commune à l’or plus rare. Au travers des deux cent soixante-treize œuvres, la Pinacothèque résume plus de dix siècles d’histoire. Le visiteur peut se prendre pour un archéologue…

Une exposition magistrale à ne pas manquer, qui éclaire intelligemment les civilisations pré-Inca et l’Empire Inca lui-même.