Un peu de poésie dans un monde de brutes…

Je laisse derrière moi les oripeaux de la haine et pose le pied sur le chemin de l’oubli, lisse comme aux premières heures du jour…
Sur le chemin du renouveau, là où les papillons dansent avec la lumière, j’abandonne les écailles du passé pour parfaire ma mue.
Sur le chemin de l’espoir, déchirant ma chrysalide de douleur, je deviens autre.
Nouvelle, pleine de larmes mais sans colère, je lève la tête vers les étoiles et m’abreuve d’espérance. Le chemin scintille devant moi, me tendant ses bras, et le vent me murmure les multiples autres aventures… possibles, uniquement, si j’accepte de les saisir.
J’ouvre les bras et m’ouvre au monde. Je veux vivre.

B. Jaël

Histoire d’écriture et de chat

Le chat qui venait du ciel, de Takashi Hiraide, s’apparente à un poème romancé. L’écriture est à la fois sérieuse et légère, de cette légèreté des poèmes, pleine de sens et de mélancolie. Elle nous fait sentir le temps qui passe et l’imprévu. Elle veut nous dire, quelque part, qu’il faut profiter des êtres et des choses, car ils nous sont trop tôt, et trop brusquement, retirés.
Le narrateur est un écrivain. Il vit avec sa femme dans une petite maison appartenant à une propriété divisée en plusieurs carrés d’habitation. Il y a la principale, celle de la vieille femme, propriétaire des lieux ; la leur, donnant sur une impasse et sur une partie du grand jardin, où l’orme domine ; celle des voisins, un peu plus loin, qui possèdent un petit chat. Le jardin est partagé entre ces différents résidents. Le narrateur s’y rend souvent car il s’occupe de l’arrosage et des plantations. Il aime particulièrement cet endroit, le vieil orme, le jeu de l’eau et la valse des libellules.
Un beau jour, le chat des voisins vient frapper à leur porte. C’est le début de l’histoire qui liera sa femme, et ensuite le narrateur, au chat. Le chaton s’entend parfaitement bien avec sa femme et cette dernière comprend tout ce qu’il veut sans qu’il ait besoin de bouger la patte. Pour le narrateur, les choses sont un peu plus compliquées. Il semble conserver un certain retrait, un certain détachement, quant au chaton. Il ne le comprend pas ni ne parvient à créer le même lien que celui qui unie sa femme au petit animal.
Petit à petit le chaton rentre dans leur vie et en devient une part importante. C’est comme s’il était toujours présent et quand il ne l’est pas, les humains l’attendent avec incertitude et impatience. Les sentiments, bien que jamais nommés, sont réels et imprègnent tout le roman. Avec pudeur et profondeur.
Un joli récit, un peu triste et mélancolique mais dont la beauté transcende la tristesse. Il serait dommage de le rater.

Les vagabondages de García Marquez : « douze contes vagabonds »

García Marquez nous présente douze contes, vagabondages à travers l’Europe et la vie. Réalistes, parfois teintés de fantastique, comme à son habitude García Marquez sait nous perdre entre les mondes, nous donnant l’impression de flotter entre deux réalités. Son écriture est semblable à elle-même, moderne mais emprunte de poésie.

Les douze contes ne sont pas tous envoûtants ni merveilleux, mais il y en a pour tous les goûts. L’émotion est toujours présente et le lecteur, aimant ou n’aimant pas les histoires contées, en sort malgré tout touché.

La trace de ton sang dans la neige est l’un des meilleurs contes du recueil. On y retrouve tout ce qui fait le talent de cet auteur. La légèreté dissimulant le drame, les aléas de la vie entraînant les catastrophes ou les blessures les plus profondes, l’amour également, qui semble habiter chacun des mots, chacune des phrases, et qui est le fil directeur de l’histoire.

D’autres contes, telle La Sainte, sont aussi réussis dans un autre domaine. Mais qu’il s’agisse d’amour filial ou d’amour passion, il s’agit toujours d’amour.

Les contes en eux-mêmes ne sont pas tous aussi bons que ce à quoi nous a habitué García Marquez. Mais chaque histoire est unique, avec son âme et sa palette d’émotions, et il y a quelques perles qu’il serait dommage de manquer.

Coraline ou ce qui cache derrière les apparences

Coraline est une très bonne adaptation du livre éponyme de Neil Gaiman. Coraline est une petite fille venant de déménager dans une grande maison, peuplée d’étranges voisins, et dans un lieu quelque peu reculé, où il n’y a rien d’amusant à faire pour une enfant. Elle peut juste partir à la découverte de son nouvel environnement et tenter de ne pas s’ennuyer à mourir, ce qui lui est plutôt difficile. Mais un jour, Coraline découvre brusquement une porte qui ouvre sur un autre monde. Un monde autrement plus merveilleux que son quotidien, où ses parents lui prêtent enfin attention et s’occupent d’elle. Tellement différent de sa morne réalité quotidienne qu’elle finit par préférer cette autre réalité.
Cependant Coraline va peu à peu découvrir que les apparences sont souvent trompeuses. Ses parents qui la négligent dans son vrai monde l’aiment malgré tout réellement, plus réellement que cette étrange mère qui lui cède ses moindres envies. Car cette autre réalité, que dissimule-t-elle? Coraline apprend que les apparences ne sont que des masques qu’il faut savoir soulever et qu’il ne faut pas se laisser avoir par les mensonges des aspects.
Le dessin animé, du réalisateur Henry Selick (également auteur de l’Etrange Noël de Monsieur Jack), est très beau. Les marionnettes sont expressives au possible, affichant merveilleusement les sentiments qui les habitent. Le décor aussi est très beau, comme le jardin merveilleux dans l’autre réalité, pur moment de poésie.
Ce dessin animé vaut le déplacement (il est encore joué par quelques cinémas). On en ressort plus léger, enchanté par ce conte moderne et sa poétique adaptation.