Le Grand Palais joue avec les images…

Quand le Grand Palais joue avec les images… il crée une excellente exposition. Une image peut en cacher une autre est à la fois bien présentée, respectant le thème tout en s’ouvrant sur le monde, et intelligemment ludique. Ainsi, le visiteur se prend très vite à entrer dans le jeu, cherchant les images cachées, certaines quelque peu tirées par les cheveux, d’autres tout à fait évidentes mais pas toujours visibles au premier coup d’oeil… Les œuvres, qui courent du Moyen-Age avec des peintures sacrées au contemporain avec des artistes comme Dalí ou Brancusi, sont aussi diversifiées qu’intéressantes. La diversité est présente tout en restant dans les limites du thème : des œuvres d’autres civilisations, telle cette figurine olmèque par exemple, nous offrent un regard extérieur, nous montrant que le jeu est international. Les images se cachent aussi sur les masques, les poteries, de ces civilisations des arts premiers. Elles offrent une seconde lecture, nous rappelant la complexité du monde derrière sa façade de simplicité. Elles nous disent également qu’il faut toujours soulever les apparences pour découvrir ce qu’elles dissimulent.
C’est le jeu de la plupart des tableaux présents dans l’exposition : une première lecture, simple, qui donne à voir une scène. Puis, en se penchant d’un peu plus près sur la scène, se dévoilent peu à peu d’autres lignes, d’autres dessins dans le dessin. Certains traits sont évidents, d’autres sont plus laissés à l’imagination, comme ces visages qui apparaissent dans les contours des roches ou dans les nuages.
Bien qu’un peu longue, l’exposition n’est jamais ennuyante. Le visiteur se trouve pris au jeu. Il observe, s’interroge, cherche. Les œuvres sont soigneusement présentées, les pièces sont larges, aérées, il est agréable de s’y promener, et il y a toujours assez de place pour prendre un peu de recul. Le thème est parfaitement exploité, les œuvres présentées ne s’éloignent jamais du sujet tout en en étirant quelquefois les limites.
Cette exposition est à la fois classique et originale. Le Grand Palais réussit à présenter un condensé d’œuvres et d’artistes connus et moins connus tout en amusant le public. Pour une fois une exposition se montre ludique, dans le bon sens du terme. Pas d’éloignement du sujet, pas d’élargissement intempestif pour expliquer la présence de peintures ou de sculptures qui n’y auraient pas leur place. Certaines œuvres « naturelles », comme ces éclats de minéraux laissant apparaître des formes distinctives, pourraient sembler déplacées mais ne le sont pas du tout. Elles s’insèrent parfaitement dans l’exposition, le visiteur y arrivant ne s’étonnant pas de les voir brusquement surgir, leur introduction paraissant couler de source. Ainsi les images cachées ne se limitent pas aux créations humaines : la nature elle aussi sait jouer avec ses formes. Changement de perspective intéressant et parfaitement bien intercalé. Le thème est une fois de plus magnifiquement exploité et respecté.
Le Grand Palais a réalisé une superbe exposition qui peut être découverte jusqu’au 6 juillet. On espère une prolongation pour ceux qui l’auraient manquée…

Les portes du ciel s’ouvrent au Louvre

Jusqu’au 29 juin (il reste donc quelques jours) le musée du Louvre ouvre les portes du ciel. Exposition temporaire assez vaste portant sur l’Egypte, elle donne autant à voir le monde de l’au-delà qu’un aperçu de l’arbre généalogique des divinités égyptiennes ou que les abords d’un temple. Pour les amateurs, l’exposition s’avère variée et intéressante, les pièces soigneusement mises en valeur et de belle facture. Les explications sont parfois un peu embrouillées, généralement un peu trop répétées et manquent quelquefois de profondeur, ne survolant que la surface des faits. Il aurait été intéressant, par exemple, et puisque tel était le sujet, de creuser un peu plus les différentes épreuves que le défunt a à affronter dans l’autre monde. Cette partie centrale aurait mérité d’être approfondie.
Les autres parties, notamment sur les divinités égyptiennes, fournissent quelques éléments essentiels pour mieux décrypter cet au-delà. Si ces informations peuvent contenter les novices, elles ne satisfont malheureusement pas les égyptologues chevronnés. Trop superficielles, elles leur paraissent trop souvent hors sujet et quelque peu brouillonnes.
L’exposition est en outre un peu chère, considérant que la plupart des œuvres viennent du Louvre même. De nombreuses pièces sont sans aucun doute issues des réserves et ne sont donc pas connues du public, mais malgré ce détail le prix reste tout de même trop élevé.
Pour ceux qu’une autre vision intéresse et qui ne connaissent pas vraiment le monde égyptien, cette exposition est un joli parcours et mérite le coup d’oeil. Pour les véritables passionnés, qui connaissent l’Egypte sur le bout des doigts, l’exposition ne vaudra le coup que pour les objets, et encore ; car ils risquent d’être déçus, non seulement par le manque de profondeur des explications mais également par l’élargissement choisi du sujet (éléments de temples, statues de divinités, etc). Pour eux, il aurait mieux valu éviter toute dispersion et se concentrer sur les portes du ciel et l’au-delà sur lequel elles ouvrent.

Tarzan bientôt au quai Branly

A partir du 16 juin, il sera possible de visiter au quai Branly l’exposition « dossier » intitulée « Tarzan! ». Titre sobre et marquant à la fois, le but de cette exposition est de découvrir les fondations du mythe de l’homme singe, dixit les explications du quai. D’autres explications nous avaient suggéré que le quai tenterait également d’aborder à travers ce sujet la manière dont sont considérées les populations africaines dans la pensée populaire. Soit. N’était-ce pas déjà le cas avec l’exposition sur le jazz, qui aurait dû nous emmener aux racines du jazz, mais qui nous a laissé un goût d’inachevé?
Pourquoi, d’ailleurs, un musée tel que le quai est-il obligé de se pencher sur Tarzan? N’est-ce pas un sujet médiatique, destiné à attirer le public, plus qu’un véritable désir d’étudier et de montrer à ce dernier la façon dont sont perçues les populations africaines dans la pensée populaire occidentale? Pourquoi prendre ce mythe en particulier et en faire l’objet phare de l’exposition, si ce n’est pour attirer une foule qui ne visiterait probablement pas une exposition « ordinaire » d’ethnologie? D’ailleurs, lorsque l’on lit le descriptif de la « visite-expédition Tarzan » qui consiste en « un rappel des épisodes importants des aventures de Tarzan, la découverte des inventions langagières de son auteur Edgar Rice Burroughs et une initiation au fameux langage singe », on ne peut que se sentir quelque peu gêné par le contenu de la visite-expédition… Où sont les fameuses populations africaines dont on nous a parlées? N’y a-t-il pas de mythe plus ethnologique que celui de Tarzan? N’auraient-ils pas pu faire, par exemple, une exposition sur les griots africains et les contes africains, avec en figure phare des conteurs comme Amadou Hampâté Bâ, qui fait un merveilleux travail de vulgarisation? On s’attendrait plus à trouver des racines de civilisations dans un thème tel que celui-ci. Il est regrettable qu’un musée tel que le quai soit obligé de faire des expositions de ce type pour attirer le public.
Il ne reste plus qu’à attendre l’ouverture de l’exposition et à la visiter pour voir comment le quai s’en tire avec ce sujet. Il est à espérer que les puristes soient agréablement surpris. Car jusque-là, les expositions respectaient le fil directeur « ethnologique » et « archéologique », nous faisant pénétrer d’autres cultures, ce qui est un peu le but initial de ce genre de musée. Affiche de l'exposition "Tarzan!" au quai Branly

Programme de la nuit des musées, 16 mai

Comme tous les ans, la nuit des musées se réitère cette année. Le 16 mai, à partir de 18h, les musées de la Ville de Paris ouvrent leurs portes gratuitement et proposent des animations éphémères et des parcours spécialement conçus à cette occasion. Les collections permanentes sont accessibles, tout comme les expositions temporaires, qui se trouvent elles aussi être gratuites. Autour de thèmes musicaux, littéraires ou encore esthétiques, ce sont de véritables balades qui sont proposées aux visiteurs.
Pour ceux qui seraient tentés par une promenade musicale, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (11 avenue du Président Wilson, 75016) offre un parcours musical interprété par les élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris et le Musée Carnavalet (23 rue de Sévigné, 75003) propose différents concerts de 19h30 à 21h30. Dès 20h, il est également possible d’y admirer un couple de danseurs de la Compagnie Acajou. La musique traditionnelle vietnamienne est quant à elle à l’honneur au musée Cernuschi (7 avenue Velasquez, 75008) à 20h, 21h et 22h.
Pour ceux qui préfèreraient les visites conférences, le musée Cernushi en organise une autour de son exposition « Six siècles de peintures chinoises, œuvres restaurées du musée Cernuschi » ; le Musée de la Vie Romantique (Hôtel Scheffer-Renan, 16 rue Chaptal, 75016) se penche sur la photographie, « Marc Riboud, l’instinct de l’instant, 50 ans de photographie » avec la présence exceptionnelle de l’artiste à 19h30 ; le Musée Carnavalet s’attarde sur son exposition historique « Bâtir pour le roi, Jules Hardouin-Mansart » ; et le musée Zadkine (100 bis, rue d’Assas, 75006) organise un parcours muséographique avec mise en lumière des œuvres de l’artiste.
En partenariat avec le CNES, la Maison de Victor Hugo (6 place des Vosges, 75008) organise lectures et vidéos en relation avec l’œuvre de l’auteur sur le sujet « L’Espace, si près, si loin ». D’autres lectures sont organisées à la Maison de Balzac (47 rue Raynouard, 75016) et les artistes du Pavillon se produisent au Musée Bourdelle (16 rue Antoine Bourdelle, 75015).
Le musée Cognac-Jay (8 rue Elzévir, 75003) présente un duo contes et musique sur le thème « Les progrès de l’Amour », avec à 20h30 des contes libertins pour les plus de 16 ans et à 22h des contes érotiques pour les adultes.
Enfin, il est possible de faire un voyage en Europe au Petit Palais (avenue Winston Churchill, 75008), en retirant au préalable à l’accueil du musée son passeport. Sept étapes avec différentes animations s’enchaînent.
Avec le choix que proposent ces différents musées, il est possible de trouver son bonheur tout en profitant de couloirs qui ne veillent que rarement jusqu’à minuit. En plus d’une balade dans la culture, une balade dans les monuments importants de Paris s’offre aux promeneurs. Comment joindre l’utile à l’agréable…

Pour plus de renseignements, visitez www.musees.paris.fr

Our Body, dernier jour

Aujourd’hui était le dernier jour pour visiter l’exposition Our Body, à corps ouvert à l’Espace 12 Madeleine. Dès ce soir, à moins que les exposants ne décident de payer l’amende pour poursuivre l’ouverture, l’espace baissera le rideau.
Je m’y suis donc rendue afin de constater de moi-même comment était réalisée l’exposition. En premier lieu, un panneau annonce que les corps présents sont ceux de volontaires ayant fait don de leur corps à la science. Il est vrai que par la suite, aucune provenance n’est précisée, mais puisqu’une première annonce a renseigné les visiteurs quant à la provenance, il n’est pas utile de la répéter à chaque endroit.
J’ai souvent entendu reprocher que les corps étaient traités sans réel respect. Je ne suis pas d’accord. J’ai plus été choquée par les commentaires et les remarques déplacées des visiteurs que par la mise en scène des cadavres. Il est vrai que découvrir un corps coupé en fines tranches est un peu impressionnant et choquant, et l’on peut se demander s’il était vraiment utile de le présenter ainsi à un grand public. Mais le ton de l’exposition est donné dès le départ : il s’agit d’une présentation scientifique. C’est donc le ton scientifique qui est mis en avant. Pour mieux aider à visualiser les organes, les corps sont en effet mis en scène, mais nous savons tous qu’il se passe pire en cours d’anatomie dans nos fac de médecine. La mise en scène est sobre, sans poudre aux yeux ni jeux de paillettes destinés à impressionner le public.
J’ai trouvé l’exposition très intéressante, bien réalisée, sans esbroufe. Les explications sont claires, facilement lisibles et accessibles ; on pourrait leur reprocher leur surface, se contentant de commenter sommairement et de lister certaines généralités, mais la plupart des spectateurs les ignorant, elles sont utiles. On aurait pu souhaiter quelques précisions et quelques profondeurs, mais si l’on est réellement intéressé par le sujet, il suffira de chercher sur le net ou de consulter des ouvrages.
Comme je l’ai dit plus haut, j’ai trouvé cette exposition intéressante et pas du tout inconvenante. Seules les réactions des visiteurs et certains commentaires déplacés font montre d’un irrespect : ce jeune homme qui répond au téléphone en hurlant que « c’est trop bien, c’est trop super » face à des morceaux d’être humain ou encore une personne commentant un écorché en disant « c’est pas très joli ça par contre ». Le problème, à ce niveau, étant plus la considération et la convenance personnelles. L’irrespect venait des visiteurs et non du cadre en lui-même.
C’est à chacun de penser aux vies qui ont habité ces corps et de les respecter. La plupart des gens oublient qu’il s’agissait d’êtres humains et se comportent comme s’ils n’avaient face à eux que des contenants ou des reproductions. Si la démarche qui amène à visiter ce lieu est une démarche scientifique, il n’y a pas de problème, le respect sera présent.
Concernant la provenance des corps, il est vrai que s’ils font suite à un trafic d’organes il est inadmissible de les découper et de les présenter de la sorte. Simplement je m’interroge : puisque cette exposition a été présentée dans le monde entier et que cela fait quelque temps déjà qu’elle tourne, la question de la provenance a déjà dû être soulevée et étudiée. Je ne m’expliquerais pas, sinon, sa présence dans de si nombreux pays.
Serait-ce un coup de pub? Ou les motifs de protestation sont-ils légitimes?

L’exposition Our Body interdite

L’exposition Our Body, qui aurait dû se tenir jusqu’au 10 mai à l’Espace, 12 boulevard de la Madeleine, a été interdite. Ensemble contre la peine de mort et Solidarité Chine avaient porté plainte pour non respect du corps humain. Encore Events, l’organisateur de l’exposition en France, a décidé de faire appel.
L’exposition a été présentée dans de nombreux autres pays où elle n’a soulevé aucune polémique. Elle a été tenue récemment à Lyon et s’il y avait eu quelques critiques face à la vue de corps humains pour certains présentés par morceaux, l’exposition s’est poursuivie sans problème. Mais sur Paris, la justice a tranché et l’exposition doit fermer ses portes.
N’ayant pu la visiter, je ne peux donc donner mon avis sur la présentation des corps. Cet événement me paraissait intéressant, dans l’idée d’amener à la vue du public une anatomie à laquelle il ne peut d’ordinaire avoir accès. Je trouvais cela éducatif, d’autant que d’après les organisateurs les corps étaient ceux de personnes en ayant fait don à la science. J’appréciais le côté scientifique et un peu inhabituel de l’événement.
Je ne pourrai pas me faire mon propre avis, ce que je trouve regrettable. Maintenant, si la justice apporte la preuve d’une possession et exposition illégales de cadavres, il est normal que l’exposition doive fermer ses portes. Je m’interroge néanmoins sur la véritable raison : n’est-ce pas plutôt la présentation grand public de ce qui nous attend et la mise en avant de la mort elle-même qui effrayent les gens?

Le jazz est au quai Branly

La dernière exposition en date du quai Branly, Le Siècle du jazz, est atrocement décevante. Déjà réticente face au titre, je me suis tout de même dit que j’allais laisser sa chance au sujet. Après tout, le jazz est un intitulé intéressant, et bien traité, il peut se révéler passionnant et même anthropologique. Seulement cette exposition n’a aucun lien quelconque avec l’anthropologie, comme on pourrait s’y attendre au vu de l’entité qui la présente… Non, c’est une exposition d’art contemporain (d’ailleurs, les musées partenaires de l’exposition sont des musées d’art contemporain, le Museo di Arte Moderna e Contemporanea di Trento e Rovereto ainsi que le Centre de Cultura Contemporania de Barcelona) saupoudrée d’histoire.
En me promenant dans les allées, j’ai l’impression d’être dans une exposition fourre-tout. Trop d’affiches et trop de photos, peu d’explications, comme si l’afflux d’images pouvait combler le vide de signification. Quelques tableaux, fort appréciables, mais qui à mon humble avis n’ont pas leur place dans un musée tel que le quai Branly. Où sont les racines du jazz, qui auraient justifié cette présentation? Où sont les sources? Où sont les références noires? Où sont les mythes qui ont fait naître cette musique?
Je me retrouve dans une exposition qui se veut intellectuelle, surfant sur une vague de pseudo questionnement moderne, sans aborder les questions primordiales qu’un musée d’anthropologie se devrait d’aborder sur un tel sujet. Moi qui voulais voir un peu de cette anthropologie, je suis déçue. Pire, même, je me sens flouée, car cette vision du jazz me semble bien américaine et bien blanche. Le jazz noir, le véritable, celui duquel nombre d’autres styles musicaux sont nés, où est-il? Je m’attendais à apercevoir un peu plus de témoignages « noirs ».
Me voici donc amèrement déçue. Le quai Branly est un excellent musée dédié aux arts que nous nommons aujourd’hui premiers. Les expositions dossiers, quant à elles, sont généralement agréables et bien réalisées, même si le Quai a des difficultés à tirer leçon de ses erreurs. Un musée qui vaut le coup d’être visité. Malheureusement, pour attirer les foules qui semblent lui faire défaut, il tente de viser large et réalise des expositions fourre-tout. J’en ressors avec une impression de badinage, pas spécialement bienvenue, qui ne m’aura pas appris grand-chose. Donné à voir, oui, mais c’est encore trop peu quant au pêle-mêle d’affiches qui paraissent n’être là que pour combler des vides. D’ailleurs, le titre de l’exposition n’est-il pas justement un leurre, destiné à attirer le plus de monde possible, sans se soucier du contenu et des aspirations de ces visiteurs? Un titre prétexte, en somme. Le Quai serait-il en perte d’idées?
Si j’avais voulu visiter une exposition sur la perception du jazz par les artistes contemporains ou sur les affiches des différents groupes, oui, cela m’aurait plu; si j’avais été une totale passionnée du jazz, oui, cette exposition m’aurait peut-être satisfaite (quoique je crois que j’en serais tout de même sortie avec une légère sensation de manque). Mais en allant au quai Branly, je voulais découvrir un sujet anthropologique, avec des rappels de civilisation, des objets qui nous donnent à voir une pensée différente et des témoignages de personnes qui pensent différemment, et, de ce fait, ont initié un nouveau genre musical. Hormis un résumé de ce genre à travers des objets et quelques tableaux pour relier la musique à l’art pictural, je n’y ai pas trouvé grand-chose. Je ne voulais pas non plus visiter une exposition d’affiches ni de photographies… Le signifiant, l’explicatif, l’archéologie même si on peut la dénommer ainsi, manquent grandement. Ici on nous donne juste à voir une ligne de temps. On n’explique pas.
Le seul mérite de l’exposition serait d’avoir tenté d’aborder un thème peu communément présenté dans ce genre de galerie.
Je me demande bien ce que va donner leur prochaine exposition intitulée « Tarzan »… je demeure quelque peu craintive…
En attendant, j’irai errer dans les galeries du musée ou me perdre sur la mezzanine, au milieu de véritables sujets d’anthropologie. Ce à quoi est dédié le musée. Et que je conseille fortement.

Femmes dans les arts d’Afrique au Musée Dapper

Jusqu’au 12 juillet 2009, le musée Dapper présente une exposition sur le sujet « femmes ». Quel est le regard porté sur les femmes dans les différentes sociétés africaines? Comment nous est rendu ce regard par les œuvres, que nous apprend-il sur ces mêmes sociétés et sur la place de la femme dans ces sociétés?
L’exposition tente de répondre à ces différentes questions au travers des objets présentés. Les pièces nous renseignent en outre sur ceux qui les ont réalisées, autant sur la pensée (face à la représentation idéalisée du corps) que sur les réalités quotidiennes (comme ces cuillères soigneusement sculptées attribuées aux meilleures cuisinières, pour que toutes les jeunes filles les prennent en exemple). En visitant l’exposition, l’on s’aperçoit qu’en fonction du groupe ethnique, la femme n’a pas les mêmes accès ni les mêmes possibilités. Mais son rôle est cependant partout le même : mère, elle est celle qui donne naissance à de nombreux enfants, participant ainsi à l’expansion de la communauté.
Les œuvres retracent les différentes étapes de la vie, de l’enfance où la petite fille est préparée à son futur rôle de mère, à la ménopause où la femme atteint la maturité et peut être à la fois bénéfique, car source de conseils, et maléfique, puisque ne pouvant plus enfanter la communauté craint qu’elle n’use de ses connaissances pour enrayer la fertilité des autres femmes.
Les œuvres, pour la plupart, sont sur de hauts présentoirs, protégées par des vitrines de verre. Il est possible d’en faire le tour et d’admirer les objets sous toutes les coutures. De petits miroirs sont même disposés à l’intérieur de certaines vitrines lorsqu’il est impossible de les contourner. Le visiteur peut ainsi contempler le derrière des pièces, qui peut être aussi intéressant que le devant. En effet, de nombreuses statues africaines comportent autant de détails, tel un enfant ou des scarifications, sur l’arrière que sur la face. Pour les oeuvres un peu plus grandes ou plus larges, masques ou poteaux tronqués, un espace en léger arc de cercle a été aménagé le long des murs. Le recul nécessaire est fourni par un léger soubassement qui empêche le visiteur de s’approcher trop près.
Les lumières sont tamisées et mettent parfaitement en valeur les pièces. Il est très agréable de se promener dans cet espace feutré et de flâner entre les présentoirs.
Les panneaux explicatifs sont soigneusement rédigés, ni trop nombreux ni trop peu nombreux. Ils vont à l’essentiel tout en restant simples. Le fil directeur de l’exposition est toujours très bien suivi.
Comme d’habitude, l’accueil est discret mais chaleureux, ce qui ne fait que rendre la visite plus agréable.
Les catalogues d’expositions sont très complets, explicites, bien réalisés, et ce pour des prix moindres. De par la qualité des titres, la librairie, en sous-sol, vaut le détour.
Le musée Dapper est donc un excellent musée sur l’art africain qui mérite d’être visité. Il est rare que des expositions soient aussi bien faites.

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