Fascination et moi

Ces derniers temps, je n’ai pas arrêté d’entendre parler de « Fascination », de « Twilight » et de la merveilleuse histoire de ces vampires. Personnellement, j’ai du mal avec les vampires. Je les trouve par trop conventionnels. Un vampire conventionnel? Eh oui! Il faut toujours qu’il y ait un gentil vampire, qui a fait beaucoup de mal à un point de son passé mais qui est parvenu à prendre conscience de sa vraie nature et à lutter contre ses instincts. Soit, c’est un merveilleux message pour l’humanité en général, luttons contre nos mauvais penchants. Mais n’a-t-on pas déjà vu ceci dans de trop nombreux romans? Ne serait-ce que dans ceux d’Anne Rice (de rares histoires de vampires que j‘ai réussi à apprécier)?
Etant cependant de nature curieuse, j’ai finalement cédé à la tentation (oui, il est parfois trop difficile de se résister). J’ai donc lu Fascination, le premier tome.
Avant toute chose, il faut savoir que c’est un roman pour adolescents. L’écriture, le style s’en ressentent. Ce n’est évidemment pas de la grande littérature. Mais ça se laisse lire. Lorsque l’on parvient à fermer les yeux sur les poncifs,  il est même possible de prendre un certain plaisir à la rencontre.
Comme je n’attendais rien de ce roman, je n’ai été ni sublimée ni déçue, juste légèrement irritée par le début un peu trop convenu. Pourquoi une fille insignifiante a subitement autant de succès, si ce n’est parce qu’elle représente l’ailleurs, donc l’étrange, donc devient attirante? Son seul succès réside sur cela : elle est étrangère au groupe donc considérée comme un objet de curiosité. Et, cousu de fil blanc, elle se fait aussitôt des amis, alors que nous savons tous combien cela est difficile. Aurait-elle débarqué dans une grande ville qu’elle serait tout à fait passée inaperçue.
Ensuite, je dois dire qu’elle est aussi très conventionnelle : c’est une parfaite petite femme au foyer alors qu’elle n’a que dix-sept ans, ce qui m’agace un peu. Comme si l’on trouvait à tous les coins de rue des adolescentes de cet âge qui font la cuisine et le ménage puis passent à leurs devoirs. Second fait également ô combien agaçant, elle représente tout ce que l’on peut détester: elle est tellement maladroite qu’elle devient un danger public, sans jamais ressentir une quelconque envie de faire attention à ce qu’elle fait. Ce n’est pas détestable d’être maladroite, au contraire; mais c’est la manière dont l’auteur traite ce fait qui est énervante. Pourquoi faire de son lymphatisme une qualité? Pourquoi essayer de rendre ce fait attractif? L’héroïne ne semble plus gênée par ce défaut, elle semble même le trouver agréable, en ce sens qu’elle l’accepte et qu’elle ne fait aucun effort pour le corriger. Et c’est justement pour cela qu’elle a autant de succès avec les garçons: ils la perçoivent comme une petite chose fragile qu’il faut protéger. C’est d’ailleurs le rôle que s’attribue notre cher Edward. L’aurait-elle autant attiré si elle avait été plus dégourdie? Je trouve juste cela regrettable de montrer en exemple aux demoiselles une fille qui n’est pas capable de se débrouiller par elle-même.
C’est justement le point que je critique dans ce livre, le fait que cette fille soit exactement ce que l’on peut en attendre, dans le sens où sa maladresse répond au désir profond de l’homme d’être le défenseur, le protecteur. En gros, un discours que nous n’avons que trop entendu: sois femme et tais-toi. Je sais que j’exagère un peu en disant cela. Mais je trouve qu’elle se laisse trop mener par les événements, par les autres, par tout ce qui l’entoure. Elle a de la personnalité, mais… quand je la vois, j’ai envie de dire: « de la personnalité, que diable! ».
Une fois la longueur du début dépassée, on prend plaisir à la rencontre de nos deux amis, à cette fascination qu’ils exercent l’un sur l’autre, et au niveau des sentiments, de l’attirance, je dois reconnaître que c’est plutôt bien rendu et assez entraînant.
Ensuite… on retombe dans le déjà-vu. Deux bandes de vampires, de méchants vampires/de gentils vampires, et la pauvre petite à protéger, à arracher des mains des mauvais. Avec cet espèce d’happy end prévisible dès le départ. Après tout, à quoi pensais-je? C’est normal qu’un tel livre suive les poncifs de ce genre. Je ne dis pas que c’est mal, non, je dis juste que c’est un peu dommage en ce sens qu’il n’y a pas d’originalité, que cela a déjà été fait avant, que les héros eux-mêmes ne sont pas différents de ce que l’on a déjà pu voir/lire/entendre. Je comprends tout a fait que ce tome ait pu attirer, fasciner, mais cela ne mérite pas, à mon humble avis, tout le battage médiatique qu’il y a eu autour. Disons que si l’on a un petit moment à ne rien faire, on peut le parcourir pour se détendre.
Il faut maintenant que je lise les autres tomes.