Comment vivre dans cette société lorsque l’on est un « inadapté »?

Aujourd’hui, notre société est de plus en plus formatée. D’aucuns diront que les conventions se sont effritées pour faire place à la liberté. Or, les conventions se sont déplacées mais elles demeurent.

A notre époque, la plupart des gens voient d’un mauvais œil ceux qui vivent, qui pensent, qui sont DIFFERENTS. Et cela est d’autant plus évident dans le monde du travail. La norme serait d’avoir un CDI ; c’est ce que la plupart souhaiterait, quels que soient le salaire et les tâches à effectuer.

Oui, mais si on pose la question à un panel de personnes, « Doit-on accepter ou non un CDI ? », la plupart vous répondront « oui« . Pourquoi ? Parce que cela, soi-disant, vous apporte une certaine stabilité et vous permet de faire des projets. Cependant, personne n’a posé les questions essentielles : quel est le travail, quels sont les horaires, les contraintes, le salaire ? La personne qui doit faire ce choix se sent-elle bien dans cet environnement, est-elle satisfaite de ce qu’elle doit faire ?

Non, tout le monde semble s’en moquer. Peu importe ce que ressent le travailleur, ce qui importe est qu’il gagne de l’argent et qu’il décroche ce sacro-saint CDI.

Et la réalisation personnelle ? Et l’accomplissement ? Et la santé mentale ?

Comme si aujourd’hui, la seule chose qui importait était le porte-monnaie. Puisque je peux consommer, je suis. Doit-on être mis au ban de la société parce que l’on a d’autres rêves, d’autres ambitions ? Et ceux qui ne sont heureux que lorsqu’ils créent, qu’en fait-on ? Doit-on les priver de leur passion pour les faire rentrer dans le cadre ?

Il est évident qu’un tel choix ne se fait pas à la légère. Les contraintes matérielles existent bel et bien. Chacun a ses responsabilités et il est sans doute plus facile de se montrer exigeant lorsque l’on est libre et sans famille à charge.

Mais doit-on pour autant se montrer frileux parce que l’on a peur de ne pas être matériellement en sécurité ? Doit-on renoncer à sa santé mentale parce que la norme est de dire oui à un CDI, seul moyen d’annoncer à la face du monde que l’on est responsable et adulte ?

Il y a peut-être d’autres voies que celle du travail insatisfaisant et frustrant. Il y a peut-être d’autres voies que la société de consommation à tout va. Non pas qu’il faille renoncer à vivre ni même à bien vivre. Tout est question de priorités et de choix. Et il va sans dire que décider de suivre une voie différente de celle que tente de nous imposer notre société moderne apportera son lot de difficultés, de ralentissements et de déboires.

Mais ce qu’il y a d’insupportable, ce sont ces sous-entendus suivant lesquels, lorsque quelqu’un pense différemment, lorsqu’il estime qu’un être peut se réaliser autrement que par l’argent et l’étiquette sociale que procure un travail, alors automatiquement il appartient à la caste des non-ambitieux, des immatures, des idéalistes attardés, voire des inadaptés… Comme si pour être accepté il fallait être comme tout le monde et avoir la même vie que tout le monde.

Eh oui, lorsque l’on préfère sa passion à une pseudo stabilité, bien peu peuvent le comprendre et encore moins l’accepter.

Vivre et laisser vivre, n’est-ce pas ?