De l’amour et autres démons

Comme d’habitude, dès les premières lignes, le lecteur est emporté dans un tourbillon vaporeux, à mi-chemin entre le rêve et le réveil. De sa prose poétique, réaliste et fantastique à la fois, García Márquez nous entraîne dans une histoire d’amour prenante, sans que l’on comprenne réellement comment l’auteur parvient à ce tour de force. En effet, l’histoire est simple, réaliste, décrivant la triste vie de gens qui n’ont plus rien à quoi se raccrocher. Et pourtant, malgré la misère et la tristesse environnantes, il y a toujours la beauté qui ressort, la beauté des mots qui transportent, qui illuminent et transforment par leur seule force d’évocation. García Márquez brode peu à peu son histoire, plantant le décor, les personnages, en arrivant enfin à la rencontre culminante de son récit. Une histoire d’amour passionnée, passionnante, mais vouée à l’échec, sur fond d’Amérique du Sud du XVIIIème siècle. Une histoire d’amour portée par les mots, terrible,e ntraînante et envoûtante. García Marquez parvient, comme toujours, à rendre avec légèreté et poésie des histoires tristes et graves. Même la mort, sous sa plume, se pare d’un voile de beauté.
Comme le titre le suggère, De l’amour et autres démons, l’amour-passion n’est sans doute qu’un démon, déchirant les vies de ses griffes acérées, lorsque ni l’époque ni les êtres ne sont faits pour comprendre la différence et que le poids du quotidien les entrave.