La Mala Hora, humanité et adversité

Avec la même sensibilité et la même délicatesse que d’habitude, García Márquez nous décrit dans La Mala Hora la vie d’un village, quelque part en Colombie. Le village apparaît sous différents regards, avec toujours la même peur latente, celle de voir les policiers débarquer un matin pour vous emmener… Chaque personnage a une histoire, parfois secrète, généralement connue par toute la population. Voilà pourquoi lorsque apparaissent un matin des tracts de dénonciation, le village retient son souffle. Mais pourquoi ces êtres s’inquiéteraient-ils de faits qui sont déjà connus de tous? Peut-être parce qu’à les voir affichés, chacun se sent concerné ; et ceux qui ont de véritables secrets peuvent trembler.

Une belle fresque humaine, portée une fois de plus par l’écriture simple mais belle de Márquez, qui sait encore et toujours nous émouvoir et nous saisir avec ses esquisses de personnages. Toujours les mêmes questions sous-jacentes, la personnalité, la terreur qui a ravagé l’Amérique du Sud, les relations humaines et ce qui fait d’un être ce qu’il est… Courage, lâcheté, égoïsme, parfois aussi rédemption… Un roman, assez court, qui est à lire pour sa poésie et sa justesse.