Le Quai Branly et le Baba Bling

Depuis le 5 octobre, le Quai Branly propose l’exposition Baba Bling, signes intérieurs de richesse à Singapour. Cette exposition est centrée sur les Peranakan, une communauté installée à Malacca et à Singapour, dont le négoce était l’activité principale. La plupart sont issus de Chinois venus s’installer et mariés à des Malaisiennes. Cette communauté est au carrefour des influences chinoises, malaisiennes et européennes. Le Quai Branly a décidé de nous les faire découvrir en nous faisant pénétrer dans l’une de leurs maisons. Ces dernières étaient étirées en longueur, à l’image des maisons hollandaises, avec une façade plus longue que large.

Le parcours de l’exposition suit grossièrement le plan d’une de ces maisons. Le visiteur va de pièce en pièce, découvrant petit à petit la vie quotidienne des Peranakan.

On passe d’abord par la porte, soigneusement décorée, qui ouvre sur le hall d’accueil, l’endroit où tous les invités sont reçus. Dans les vitrines sont déclinés les objets que l’on peut y rencontrer, tels l’autel aux ancêtres, les bancs, les tables, la boîte à sikeh, le paravent qui sépare du reste de l’habitat… Les panneaux explicatifs sont bien détaillés et apprennent l’essentiel sur les éléments rencontrés.

L’exploration de la maison est véritablement une plongée dans le monde baba : après l’entrée destinée aux réceptions, le visiteur pénètre l’intimité de l’hôte. En effet, seuls les proches ont accès au reste de la maison. On y découvre le hall des cendres, pièce très importante où sont célébrés plusieurs fois dans l’année les ancêtres de la maison ; de nombreuses offrandes leur sont destinées, dont des bâtonnets d’encens qui produisent les cendres donnant son nom à la pièce.

Ensuite nous est présentée la cuisine. La porcelaine rose aux couleurs acidulées porteuse du phénix et de pivoines s’étale sous le verre, disposée comme sur les longues tables des Peranakan. Puis vient le cœur de la cuisine, avec les différents mortiers, les pilons, les moules, le wok, les éventails, le tingkat… Le tingkat est un élément très prisé : il s’agit d’un empilement de boîtes métalliques autrefois utilisées par les Indiens pour transporter leur déjeuner.

Après ce petit tour dans la cuisine, le visiteur découvre la chambre nuptiale, avec son lit lourdement décoré de tissus brodés et d’éléments perlés, porte-bonheur du futur couple. Le lit est l’élément le plus important de la chambre.

Autour de cette pièce, plusieurs vitrines donnent à voir les parures qu’arborent les mariés durant la cérémonie.

Une collection de bijoux a aussi été rassemblée, montrant notamment la kerosang, ensemble de trois broches qu’affectionnent les Nyonya (maîtresses de maison) pour fermer leurs chemises.

Les murs de l’exposition sont aménagés de façon à avoir l’impression de déambuler de pièce en pièce. A un moment, le visiteur marche le long des façades de maisons peranakan… Les façades sculptées et colorées apportent de la gaieté aux rues, à l’image de la vaisselle d’apparat acidulée sortie pour les fêtes.

Cette exposition est originale, bien agencée et bien réalisée, présentant pour la première fois en Europe des objets prêtés par le Musée des Arts et Civilisations Asiatiques de Singapour.