La Traversée Indienne : Agra

Après Delhi, tournons nos pas vers Agra. Un train express est mis à disposition, reliant les deux villes en près de deux heures. A la gare, tout est bien indiqué. L’horaire est matinal (aux alentours de 6h) mais comme ici on se lève avec le soleil, cela ne semble pas inhabituel.
A mi-chemin entre la ville et la campagne, Agra n’est pas une cité très agréable. Déjà, au sortir de la gare, des dizaines d’hommes se pressent pour alpaguer les touristes. Ils se font méchamment rembarrer par la police. Le bruit est abrutissant.
Agra est typiquement une ville à touristes. Mieux vaut ne rien y acheter, les prix sont ici plus élevés qu’ailleurs. Le Taj Mahal, merveille des merveilles, coûte à lui seul 750 roupees (soit plus de dix euros). En s’y rendant, on a l’impression que tout est fait pour embêter le visiteur : il y a des dizaines d’objets interdits, avec des restrictions aussi stupides que « les crayons à papier et les crayons de couleurs sont interdits » mais « les stylos peuvent entrer, pas de problème ». Toute forme de nourriture est proscrite. On vous fouille, on vous renvoie pour porter vos objets interdits à la consigne, et on vous refouille comme si on ne vous avait jamais vu, en s’appesantissant sur de menus objets que l’on a laissé passer la première fois. C’est comme pour les billets : les caisses sont situées à plus d’un kilomètre de l’entrée du site. Tout est fait pour pousser le touriste à prendre un rickshaw. Les préposés à la sécurité sont d’ailleurs très mal aimables. Mais une fois à l’intérieur, en faisant abstraction du monde, la balade peut commencer.
On longe la muraille pour arriver au porche, au-delà duquel se détache, majestueux, le Taj Mahal. Immense, il semble presque irréel. Une allée d’eau, des pelouses, quelques marches et un dépôt de chaussures, et l’on accède à l’esplanade du Taj. Il faut faire la queue pour pénétrer le monument, à l’intérieur duquel reposent les tombeaux de Shah Jahan et d’Arjuman Banu Begam, son épouse. Le dôme, immense, est encadré de quatre minarets. Les bâtiments alentour, dont le grès rouge tranche sur le marbre blanc du Taj, sont, quant à eux, plutôt déserts. A gauche se trouve une mosquée et à droite, lui faisant pendant, un bâtiment identique, qui n’est pas utilisé comme lieu de culte mais comme ajout symétrique.
Il est agréable de se poser sur les marches de l’un de ces bâtiments et d’admirer les jeux de lumière sur le marbre. Les deux meilleurs moments pour visiter le site sont le matin, au lever du soleil, et le soir, à son coucher. En espérant que le temps ne soit pas couvert.
A Agra, deux autres monuments notables sont à voir : le Fort Rouge et le Baby Taj, d’une si belle facture qu’il serait dommage de le manquer.
Le Fort Rouge d’Agra est lui aussi très étendu, telle une ville dans la ville. De ses fenêtres il est possible d’apercevoir au loin, dans la brume, le Taj Mahal. Les matières précieuses sont, comme toujours, à l’honneur. On se perd une fois de plus entre le rouge du grès et le blanc du marbre. Une mosquée très travaillée, des jardins, des pelouses, de belles dentelles de pierre s’égrènent pour le plaisir des yeux.
Au-delà de la Yamuna, le fleuve de la ville, se trouve le Baby Taj. Comme son nom l’indique, il est considéré comme un petit Taj. Pour s’y rendre, il faut passer un pont branlant, s’immiscer dans la circulation et longer un marché où s’étalent les légumes. La balade, à pied, est longue et difficile mais intéressante. Le long des rives, des linges s’étendent. Ils sont lavés dans des baquets ou à même le sol. Bien entendu, c’est l’eau du fleuve qui est employée.
Le Baby Taj est un havre de paix. Plusieurs bâtiments l’entourent, à chacun de ses points cardinaux. Quatre tours rondes encadrent la tour carrée centrale. Le marbre blanc est incrusté de pierres semi-précieuses, formant de petits tableaux floraux répétitifs. Des vasques et divers pots sont également représentés perdus au milieu de végétaux. Le mur d’enceinte donne sur la rivière. Les singes sont très présents, il faut d’ailleurs y faire attention, ils n’hésitent pas à courir après les visiteurs… La poétesse Nur Jahan a participé à l’élaboration de ce mausolée, construit en 1628 en l’honneur de son père, vizir de l’Empereur. Cette touche féminine est particulièrement visible dans la délicatesse des décors, qui sont plus minutieux que ceux du Taj Mahal.
Après ces visites, il vaut mieux pour le voyageur repartir, puisque Agra ne vaut le détour que pour ces quelques monuments.

La Traversée Indienne : Delhi

Notre traversée Indienne commence avec la capitale de l’Inde, Delhi, une ville bruyante et fourmillante mais non dénuée d’un certain charme. Entre ses monuments, ses bazars aux ruelles tortueuses et son métro immaculé, Delhi vaut le coup d’œil.
La ville, dans la journée, est calme, comparé à l’agitation qui y règne le soir. Il peut être délicat de se retrouver dans les rues lorsque la nuit tombe, car les rickshaws, les voitures, les pousse-pousse vont dans tous les sens, les klaxons s’envolent, il est quasiment impossible de traverser une rue… Il faut se lancer dans le flot en évitant de justesse les véhicules, ce qui, vu l’étroitesse des rues, n’est pas toujours évident. Et il en va des hommes comme des véhicules : ils sont partout, il faut veiller à les éviter, et il est impossible de ne pas butter dans l’un d’entre eux.
Delhi est une ville étendue et il faudrait plusieurs jours pour en faire le tour. Le voyageur qui préfère ne pas trop s’y attarder peut tout de même en voir le principal assez rapidement. Delhi possède un métro qui fonctionne avec des jetons. A l’entrée il y a des contrôles de bagages, comme dans les aéroports. Les wagons sont très propres et rappellent un peu ceux de Tokyo.
Du côté des marchés, le visiteur a le choix. Connaugh Place est l’étoile luxueuse où se côtoient les magasins des grandes marques. Sous les arcades de ses rues se retrouvent les vendeurs ambulants, étalant leurs quelques marchandises sur le sol. Entre faste et bimbeloterie…
Main Bazar est un endroit agréable où il fait bon flâner, si le voyageur fait abstraction de la saleté. Les magasins sont nombreux, vendent de tout, et il faut reconnaître que certains prix sont assez attractifs.
Chandni Chowk, marché populaire que l’on peut voir dans certains Bollywood, est plutôt décevant. Il n’a pas ce côté traditionnel et un peu suranné que l’on trouve à Main Bazar. Il s’agit plus d’un marché moderne, hétéroclite, mais peu attrayant, pourtant situé dans la vieille ville.
Du côté des monuments, les principaux à découvrir à Delhi sont Jama Masjid, le Fort Rouge, Qutb Minar et la Tombe d’Humayun.
Jama Masjid est la plus grande mosquée de l’Inde. C’est un lieu calme où se recueillent croyants et touristes.
Le Fort Rouge est, comme son nom l’indique, taillé dans une pierre rouge très esthétique. Les sculptures florales sont vraiment magnifiques. Le site est immense, émaillé de nombreux petits bâtiments, blancs ou rouges. Le meilleur moment pour le visiter est la fin de journée, lorsque la lumière vient caresser les pierres. Il faut compter quelques heures pour en faire un tour complet. Les nombreux bâtiments sont entrecoupés de touffes de verdure où il fait bon se reposer.
Après cette petite promenade dans Old Delhi, New Delhi s’offre au visiteur.
Qutb Minar, le minaret de la victoire, se trouve un peu excentré. Il faut prendre un rickshaw pour s’y rendre. Le site est vaste, le minaret impressionnant, les avions passent au-dessus pour rejoindre l’aéroport, liant le passé au présent. Les sculptures ornant les colonnes sont superbes. La pierre ici aussi possède ces nuances ocrées et orangées, qui s’amplifient sous les rayons du soleil. Une fois à l’intérieur, le visiteur a l’impression d’avoir quitté la ville. Les quelques arbres et pelouses apportent une fraîcheur agréable et les perruches qui volent d’arcade en arcade ajoute une touche forestière… C’est un endroit reposant qu’il est bon de visiter le matin, lorsque la lumière est dorée et souligne les couleurs tout en jouant avec les décors. Les fenêtres ajourées, dans certains bâtiments, sont également magnifiques sous cette lumière matinale.
La Tombe d’Humayun est intéressante. Quelques bâtiments sur les côtés, de l’herbe, des arbres, une impression de grand jardin ou de campagne. Les écureuils courent un peu partout entre les bâtiments et sur les pelouses. Le tombeau en lui-même est assez grand, rouge et blanc, avec une énorme coupole blanche. Le porche y menant est aménagé pour créer un bel effet de surprise.
Autour se trouve le quartier médiéval de Nizam-ud-din. Les ruelles sont étroites et l’endroit est quelque peu oppressant. Il n’y a rien d’exceptionnel à y voir. Les restes médiévaux sont un peu à l’abandon et insérés dans le maillage des nouveaux bâtiments, si bien qu’il est parfois difficile de les en distinguer. Une visite de la Tombe suffit entièrement, inutile de se perdre dans ces petites rues.
Pour finir, un petit passage par l’India Gate, lieu de rencontre et de rendez-vous d’une bonne partie des Bollywood…