Teotihuacán, quand la cité des dieux s’installe au Quai Branly

L’exposition Teotihuacán du Quai Branly est une réussite. Le Quai est enfin parvenu à créer une exposition à la fois originale et de qualité. Originale, car dans la salle principale s’étale en modèle réduit la reproduction du site ; le visiteur peut se promener autour, admirant les petites masses pyramidales tout en découvrant leur signification. Ludique, avec les nombreuses vidéos et les « jeux » interactifs qui sont proposés (les jeux sont surtout pour les enfants mais les adultes peuvent s’y coller). Intéressante, car les explications sont soignées, soigneuses, et certaines que l’on aurait pu laisser de côté n’ont pas été omises (tel le procédé de réalisation des peintures murales ou encore l’explication du talud-tablero). Il y a d’ailleurs parfois trop de texte et les numéros ne sont pas toujours mis du bon côté, mais dans l’ensemble cette exposition est sans conteste l’une des plus réussies du Quai.
Tout autour de la reproduction du site, le long des murs ou surélevés sur des blocs de même matière que nos pyramides, sont présentés les objets. La grande majorité vient du Musée National d’Anthropologie de Mexico. De véritables chefs-d’œuvre sont exposés, comme le masque en mosaïque, célébré dans nombre d’ouvrages, ou encore la poterie thin orange et les fameux encensoirs, illustrés par de nombreuses céramiques, et le pato loco (canard fou, récipient en forme de canard décoré de coquillages et de jade). Le visiteur ne peut que s’émouvoir de les avoir enfin sous ses yeux.
L’exposition est divisée en six thèmes, le modèle réduit créant comme un trait d’union entre eux. La première partie présente l’architecture et l’urbanisme, avec des morceaux de pierre, des têtes de Quetzalcoatl issues de la pyramide du même nom, et le modèle de la cité ; la deuxième tente de définir le système social et les relations entre les « différents statuts », militaire, politique et économique. Ensuite nous passons à la religion, de très belles statues de pierre présentant les dieux, comme Huehueteotl, le vieux dieu du feu. Des explications sont proposées, même si de nombreux blancs demeurent quant aux mythes et à certaines divinités. Les pièces sont vraiment magnifiques et soigneusement mises en avant.
Puis c’est la vie quotidienne, que ce soit dans les palais ou les habitations communes, qui est évoquée. De nombreux ustensiles s’échelonnent dans les vitrines, donnant à imaginer la vie des artisans, des marchands, des agriculteurs…
Les trois derniers thèmes sont plus relatifs à l’influence de Teotihuacán sur le reste du monde mésoaméricain : splendeur de l’artisanat, qui est un moyen comme un autre d’étendre son influence et d’exporter ses croyances ; les relations de Teotihuacán avec le monde mésoaméricain et enfin la chute de Teotihuacán, qui, comme celle des Maya, est toujours sujette à controverses.
Teotihuacán, cité des dieux, se tient au Quai Branly jusqu’au 24 janvier 2010. Elle vaut vraiment le coup d’œil, ne serait-ce que pour être accueilli par le mythe du Cinquième Soleil qui ouvre l’exposition…