Deux heures dans un train pour n’arriver nulle part…

Il est près de dix-sept heures à la gare de Bercy, à Paris. Le numéro du quai vient de s’afficher. Les gens s’ébranlent, faisant la queue pour composter leur billet. La file s’étire le long du quai, chacun montant dans le wagon de sa préférence.
A dix-sept heures treize, le train doit s’ébranler. Son terminus est à Dijon centre, quelques deux heures plus tard. Dix-sept heures treize, le train démarre. Il fait à peine deux tours de roues qu’il est déjà à l’arrêt. Le quai est toujours visible. Une annonce prévient les voyageurs qu’un problème de locomotive provoque l’arrêt et qu’ils seront tenus au courant.
Avec dix bonnes minutes de retard le train reprend sa marche. Il roule peu de temps et s’arrête. Il roule et s’arrête. Il roule et s’arrête. Les passagers soupirent, se regardent, tentent de se perdre dans leur livre; les minutes s’étirent. Au bout d’un temps qui finit par se faire très long, une autre annonce apprend aux voyageurs qu’en effet, la locomotive a un grave problème. Il est près de dix-huit heures lorsque les pauvres voyageurs apprennent qu’il va leur falloir retourner à la gare de Bercy pour prendre le train de dix-huit heures treize qui, heureusement, les y attend. Si tant est qu’un retour est possible, car au même moment le train repart, et non en arrière. Il avance quelques kilomètres avant de s’arrêter pour la énième fois. Les dix-huit heures treize sont très vite atteintes. Puis largement dépassées. Une autre annonce impersonnelle appelle tous les agents SNCF à rejoindre le contrôleur en queue de train… Les voyageurs sont laissés dans l’expectative. D’ailleurs, pas un seul contrôleur en vue qui pourrait proposer un peu d’eau aux malchanceux qui n’avaient qu’une heure de route devant eux et ont oublié leur bouteille…
L’attente se prolonge. Les passagers se lèvent, font les cent pas, se parlent et blaguent. Au moins chacun garde son calme et tente d’en tirer le meilleur parti. Le train de dix-huit heures treize s’éloigne des esprits. Il est au moins dix-huit heures quarante et les voyageurs ne savent toujours pas ce qui va leur arriver.
Enfin, on leur apprend que le train va être remorqué jusqu’à la gare dans une dizaine de minutes.
Autant dire que la SNCF et le temps ne sont pas bons amis. Plus de dix minutes s’écoulent sans que rien ne se produise, sans que rien ne soit appris de plus aux passagers. Ces derniers ne sont-ils bons qu’à ouvrir leur portefeuille?
Aux environs de dix-neuf heures le train repart. En sens arrière cette fois-ci. Il est bel et bien remorqué. Les informations filtrent à peine, il faut courir aux renseignements pour en avoir une poignée. Les voyageurs devront s’entasser dans le dix-huit heures treize, hélas pour ses passagers toujours à quai, ou dans le dix-neuf heures treize. Ce dernier aura peut-être la chance d’être à l’heure.
Il doit être environ dix-neuf heures dix lorsque le train s’arrête en gare. La débandade se poursuit. Le train de dix-huit heures treize est évidemment bondé, un agent dit aux gens de monter et de se serrer, ils n’ont pas le choix. Pour arracher quelques informations à qui que ce soit, c’est la galère, c’est le cas de le dire. Personne ne sait rien, c’est à peine si l’on sait quelles gares seront desservies par ces trains. Les contrôleurs et les agents se renvoient les gens, jolies passes.
Pour ceux qui ne peuvent plus partir ce soir-là, il faut encore faire la queue afin d’échanger son billet. Le personnel, à peine aimable, remarque désagréablement que le ticket n’est pas composté. Bien entendu le billet l’est.
Encore une fois, la SNCF fait preuve de sa compétence. Si la locomotive était déjà en mauvais état lors du départ, pourquoi le train a-t-il roulé aussi longtemps? Ne pouvait-il être aussitôt ramené en gare? Pourquoi faire patienter les gens sans les tenir informés de la situation? Pour éviter un esclandre? Ou parce que personne dans le train ne maîtrise rien et que la situation, encore une fois, échappe à la SNCF?
La farce du transport ferroviaire se poursuit donc. Cette année, comme toutes les autres, les billets ont encore augmenté. Les voyageurs payent pour arriver avec plus de trois heures de retard. Personne ne leur propose de compensation. Ils sont entassés comme du bétail et traités comme tel.
Lorsque l’usager paye, il est en droit d’attendre un service décent derrière, ce qui est de moins en moins le cas.

Si vous avez rencontré ce genre de problème ou que vous l’expérimentez constamment, n’hésitez pas à laisser un message ici. N’hésitez pas non plus à vous rendre sur le site http://www.associationsosvoyages.com et à leur envoyer un mot relatant vos mésaventures.
Peut-être qu’en associant leur mécontentement et leur ras-le-bol, les passagers obtiendront un jour gain de cause…